Vous savez que ça fait de faire un accident ? En plus avec un avion… Je vous assure que ce n’est pas beau à voir, pas du tout surtout quand on se rend compte que son voisin n’est plus qu’un tas de viande sans vie mais je dis ça, je ne dis rien. Surtout que je suis tellement accroché à certaines choses que limite j’aurais pu me briser les os pour ne pas que ma guitare se casse, je vous jure que l’homme est parfois capable du meilleur comme du pire mais sans elle, je me sentirais bien orphelin à l’heure d’aujourd’hui juste pour ça, oui. Enfin bref, c’est passé depuis quelques jours de toutes façons donc pas la peine d’y revenir de trop si ce n’est pour dire que certaines situations peuvent se révéler surprenantes. Comme celle de rencontrer quelqu’un d’aussi connue que Cameron… Qui est-elle hein ? Bah, c’est juste une sénatrice et comme je m’intéresse à tout, je suis obligé de savoir ça même si sa présence m’a quelque peu interloqué en fait. Au final, elle et moi avons quelque peu parlé car après tout, il n’y a rien de mal à demander si quelqu’un va bien une fois que j’avais pris soin de m’occuper de mes affaires en fait. Passons…

Maintenant, c’était un peu la croix et la bannière pour s’adapter même si j’avoue que je pouvais y trouver largement mon compte sans vouloir me vanter. Enfin, pour le moment disons qu’après avoir fait une toilette convenable avec ce qui me restait de mes supers bagages que j’avais pu sauver, donc vous voyez genre le kit de survis que tout bon citadin se doit d’avoir et de garder ici donc de le trainer pratiquement partout quoi. Revenons à nos moutons, j’avais maintenant attaché grossièrement mes cheveux en une queue de cheval avant de rechercher la jeune femme, enfin tant qu’elle n’a pas trente cinq ans révolus, elle est jeune pour moi, même si elle est beaucoup plus âgée. Je la trouvais finalement après de courtes minutes de recherches. « Ah… Il était temps que je te trouve… J’avais besoin de parler à quelqu’un et c’est tombé sur toi. » Oui, je la tutoie parce que maintenant il n’y a aucune raison que je la vouvoie, je garderais ça si jamais un jour je la revois dans d’autres conditions… Ce qui risque de ne jamais arriver en somme.

« On va marcher un peu ? » Oui, pas envie de rester sur place mais plutôt de me déplacer parce que mine de rien, l’endroit est plein de choses à découvrir et je ne veux juste pas rester immobile, voilà. Puis j’avoue que pour parler, il vaut mieux chercher le calme et pour le coup, près de l’avion, on ne pouvait pas vraiment s’entendre parler normalement sans lever la voix à mon goût. Je lui fais signe de venir et je commence à avancer lentement pour l’attendre du coup tout en regardant les alentours pour finalement arriver dans la vallée par le plus grand hasard puis je regarde le paysage en silence durant les premières secondes avant de me décider à ouvrir la bouche. « Alors… Ce n’est vraiment pas trop difficile de faire ce genre de carrière ? Je me dis que ça doit représenter du boulot quand même. » Oui, je ne savais pas comment engager une vraie conversation et parler du paysage fait assez cliché et en fait, aussi beau soit-il il n’a pas vraiment d’intérêts vu qu’il ne m’apprend pas grand-chose.

Finalement je me pose au hasard sur l’herbe et je regarde de nouveau les alentours avant de poser mon regard sur elle et lui faire signe de venir se poser près de moi. Enfin sauf si elle n’avait pas envie de ma compagnie en fait mais je pense que dans ce cas là, elle ne m’aurait certainement pas suivi jusqu’ici et aurait tout simplement refusé même de m’adresser la parole au départ. Tout ça pour me perdre dans des pensées un tant soit peu inutiles mine de rien… Et d’abord, pourquoi je laissais le silence s’installer ?

Cameron érrait sur la plage, comme tout les jours depuis qu'elle était sortie de son bunker. Si quelqu'un la cherchait, c'était bien le premier endroit où il irait. Elle se posait dans un lieu particulier qui plus est. Une sorte de crique que peu de gens connaissait, elle pensait même être la seule à l'avoir découvert. L'horizon y était net et à chaque fois qu'elle s'y rendait elle le fixait priant pour qu'un jour un cargo ramène les étudiants et les victimes chez eux. Les imaginer traverser cette ligne la rassurait et ses remords s'apaisaient.

Elle avait parlé à peu de monde depuis qu'elle avait été envoyé à l'extérieur et elle ne pût que se rappeler de qui était ce rasta qui était venu la rejoindre. Il voulait lui parler, mais de quoi? Il lui proposa de marcher, certainement pour discuter tout en découvrant de nouvelles choses. Pour sa part, elle n'avait rien à découvrir: elle connaissait l'île comme sa poche notamment grâce aux écrans et plans qui étaient installés dans "leur" repaire. Eh oui, elle ne se considérait plus pour une véritable scientifique depuis qu'elle en était sortie. Néanmoins elle le suivit docilement, comme si elle voyait elle aussi ce paysage pour la première fois. Un détail la titilla... Il avait dit qu'il avait besoin de parler? Pour autant il n'avait pas dis un mot depuis qu'ils avaient quitté la crique.

Ils arrivèrent dans la vallée, endroit qui rappelait les montagnes de Taiwan à Cameron. Elle n'y était pas beaucoup allé... Mais elle se souvenait parfaitement de la verdure et de la brume mystérieuse que contenait les vallées de cette île similaire. Elle avait alors l'impression d'être simplement partie en vacances pour rechercher ses origines. Malheureusement, ce n'était pas le cas et elle était bel et bien sur cette maudite île qu'elle ne saurait localiser.

Il lui posa une question... A propos de son métier. Il n'était pas le seule à savoir qu'elle était la sénatrice d'un Etat et peut être comme la plupart il s'inquiétait de l'impact de la disparition de cette femme sur le monde? Croyez-moi que si un jour, Cameron serait vraiment victime d'un crash, le monde n'en aurait strictement rien à foutre tant qu'elle ne sera pas présidente. Présidente. Voila un rêve, un métier qu'elle n'aimerait pas que frôler mais atteindre dans quelques années. Mais qui voudrait d'une personne ayant participé à un projet morbide, qui constituait à kidnapper des jeunes coréens, à la tête de son pays? A part pour déclencher une nouvelle guerre... Et encore, il y a des moyens plus simple pour se battre avec des bâtons et des cailloux.

« Vous... Enfin tu sais, ce n'est pas autant de boulot qu'on pourrait le croire. C'est ce que je pense du moins... Je suis passionnée par ce que je fais et sans vouloir me vanter, durant cette petite année où j'ai exercé je ne fais que de bonnes choses, non? Mais pour autant, je n'ai pas passé beaucoup de temps sur ces projets. Car il n'y a pas de temps maximum à passer pour une passion. Le beaucoup et le trop peu n'existe pas pour ce genre de chose. Tu as certainement toi aussi une passion... Non? »

Éloquente, elle l'était! A chaque fois qu'on lui posait une question il fallait toujours s'attendre à ce qu'elle réponde par un élogieux discours. Lui, il ne semblait pas aussi bavard. Il posait surtout des questions, il était curieux. C'était un plaisir d'illuminer son esprit avec ses réponses car il faut le dire: Cameron sait tout. Il n'y a pas un sujet dont elle serait incapable de traiter. Elle pense même en savoir plus en mécanique que n'importe quel garagiste. Si un jour la politique la désole, elle n'aura aucun problème pour se trouver un nouveau métier et avec un diplôme d'Harvard dans la poche, qui ne vous prendrait pas? Et ce même si c'est de la Harvard Law School. Avoir le même diplôme que Barack Obama, c'est influent. Dire que cet hippie est assis à côté d'une femme encore plus intelligente qu'un président des Etats-Unis.

Il l'observait avec attention, ce qui l'a fit rosir. Pour sa part et malgré son look d'hippie des montagnes, il était très mignon. Mais elle n'y songea pas plus que ça. Elle aimait beaucoup ses yeux verts émeraudes, on pouvait très bien imaginer qu'il était né dans une de ces forêt aussi verte de feuillage que brune de tronc. Le marron des arbres, c'était ses cheveux. On aurait dit des lianes aussi... Plein d'images amusantes traversèrent l'esprit de Cameron, et une furieuse envie de le surnommer «Little Tarzan» l'avait prise de tout son corps.

Comme elle l'avait définit, il n'était pas si bavard que ça... En effet, il n'avait répondu qu'avec une simple phrase qui ne lui inspirait rien de bon. Il semblait morne. Etait-ce elle qui le rendait comme ça? La sénatrice et scientifique mordit sa lèvre inférieur en baissant ses yeux noirs. Ce geste fait, il reparla. Elle les releva et écouta sa nouvelle question.

« Rien ne me plait ici. Mais pas de la même façon des autres. J'ai mes raisons, de ne pas aimer cet endroit. »

Bien évidement qu'elle a ses raisons! N'est-ce pas de sa faute si tout ces pauvres étudiants en étaient arrivé là? Peut-être que si elle était venue ici en tant que vacancières avertis, elle aurait apprécié cet île. Mais elle n'était pas censé le savoir. Elle ne devait pas lui montrer qu'elle savait presque tout... Sa localisation par ailleurs.

Il s'était couché sur l'herbe. Contrairement aux autres, il avait l'air d'être à l'aise ici. Était-il totalement fou? Après tout, il ne savait rien, absolument rien... Il avait aussi peut-être ses raisons, comme elle elle les avait.

A son grand étonnement, il se remit à parler. Il se qualifia de curieux mais elle l'avait compris bien avant ce moment. Après avoir fini son petit discours, il commença à marcher et elle le suivit sans rien dire durant un long moment.

Elle réfléchissait en fait, très longuement. Elle cherchait la signification de sa première phrase. De quelles rumeurs? Ça tournoyait dans sa tête, sans qu'elle puisse donner une réponse. Bébé, projet, faux mari, problème gouvernemental? Il y avait tant de rumeurs qu'elle ne pouvait pas savoir de laquelle il voulait parler. Et elle ne préféra pas répondre, ayant peur de faire une bourde.

Cameron s'accrocha à son bras, entortillant le sien autour du sien. Ils marchèrent ainsi le long des fossés. Parfois, les dreads du jeune homme lui chatouillèrent la joue, ce qui la faisait sourire.

Elle finit par lever la tête vers lui.

« Quel est ton nom? Tu ne me l'as jamais dit et je crois que je n'ai pas besoin de me présenter. Si ça se trouve, tu ne me connais que du nom de sénatrice du Maryland Xue. Je m'appelle Cameron, Cameron Xue. »

Elle lui offrit alors un grand sourire.