Si ça n'avait pas été mon frère, je n'aurais jamais accepté ce fichus travail qui me donne le haut le coeur. Jouer les méchantes pour faire fuir les habitants de cette île me transforme en une espèce de monstre dont moi-même j'en ai peur. Mais si c'est la seule solution, pourquoi pas. D'ailleurs, je commence même à m'y habituer, à encrer mon personnage qui est quotidiennement actif. C'est devenue une habitude de jouer ce personnage a-social. Enfin, chaque soir, j'effectue une prière pour que l'on me pardonne d'agir ainsi. C'est tout simplement pour me protéger et pour protéger les autres. Rien de plus. Je n'ai pas envie de me blesser, sachant très bien que je dois faire souffrir ces pauvres prisonniers. Et puis, si je prends le risque de devenir leurs amis, ce serait pire. Je jouerais dans leur dos en cachant ma "véritable" identité. Une vraie torture quotidienne ! Enfin, c'est le prix à payer, à mon avis.

Sortant de la zone des scientifiques, je me glissa vers le campement en regardant tout autour, en prenant mon temps avant de réapparaître subtilement chez les prisonniers. Pendant ma route, je m'étais salis de boue sur le visage, histoire de faire comme si je m'étais perdue pendant une journée dans cette forêt danse, ce qui expliquerait mon absence. Je n'avais pas oublié de m'écorcher -dans une envie très minime de me faire subir de tel douleur légère- mes jambes. Folle direz-vous ? Probablement ! Bref, il était environs 12h33, selon la position du soleil au moment où j'arrivais au campement. Il y avait des gens un peu partout qui me fuyait ou qui ne me remarquait pas. Parfait ! ignorez moi, ça vaut mieux. Je soupira et me dirigea vers les cabanes où j'avais envie d'aller, histoire d'aller dans ma deuxième demeure pour y faire je ne sais quoi. J'entrais dans mon entre secrète, bien banale pour éviter tout soupçons. Mon lit peu moelleux accueilli à bras ouvert et je m'y laissa tomber à plat ventre, attrapant de même mon fiancé, Kachu. Il se mit à chanter son petit « Pikachu » lorsque j’appuyai sur sa petite main et je me mis à sourire: « Toi, tu es le seul qui me remonte complètement le moral... C'est triste, non ? » dis-je à ma peluche en affichant une moue, gonflant mes bajoues. En effet, c'était bien triste d'avoir une peluche pokémon avec qui je pouvais tout partager, sans me blesser et sans le blesser. Triste vie, mais je n'allais pas m'y morfondre pour autant. Je soupira, posant mon regard dans celui de l'animal jaune qui me fixait de ses yeux sans vie. Levant ma main droite, j'allais lui poser mon bout d'index sur son nez plat: « Meilleur ami pour la vie ? » demandais-je comme si je dialoguais avec cette chose inerte. Soudainement, j'entendis du bruit à l'extérieur. Je me releva, m'assoyant aussi vite que l'éclaire en fixant les minimes espaces entre chaque planche de bois qui me laissait voir une ombre devant ma cabane. Je fronça mes sourcils, attrapant, sous mon oreiller, mon scalpel adorer qui m'aidais à faire fuir n'importe qui qui m'approchais de trop près. Ah, petit outil fiable qui faisait peur a bien des gens, comme tu m'es fidèle.

Me levant avec raideur avec l'idée bien encré de faire fuir cet intrus, je me dirigea d'un pas décidé vers ma porte et l'ouvrit avec fracas. Je me dirigea vers la personne qui me faisais dos et lui pointa le scalpel presque sous la gorge lorsque celui-ci se tourna. Ah bordel ! Pas lui ... Pas Moon Dak-Ho ! Qu'est-ce qu'il fiche devant ma cabane, celui-là ? J'en ai ras le bol de le croiser sur mon chemin, on s’engueule toujours et ça finit par se terminer d'une façon légèrement positif. C'était emmerdant ! Surtout que je me laissais attendrir par son côté bad boy qui me donnais chaud. Je soupira sans retirer mon scalpel qui lui menaçais de lui trancher son col de chandail.

« Tu fou quoi, ici, toi ? Tu m'emmerde ! »

Je fronça les sourcils en le fixant droit dans les yeux, tenant ma petite arme fermement. Son visage était si mignon qu'il adoucissait mon ton de voix. AH ce qu'il peut m'énerver cet accidenté ! Pourquoi a-t-il fallu que je m'occupe de son cas, hein ?!